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Quête de l'intériorité : dans le virtuel ou dans le réel ?

 

Le monde de l'Après-COVID se métamorphose, l'émergence de nouveaux comportements fait surface.

 

Aujourd'hui, avec le traumatisme social du confinement, un nouvel univers de contact social s'est ouvert. Un univers virtuel, déjà largement utilisé par le peuple nomade des « expats ». Un monde soudain devenu visible et commun : la connexion virtuelle, la dématérialisation du présentiel.

 

Le plus commun : un cours chez soi, avec son prof à soi, dans son propre « chez soi » ; nouveau privilège réservé, maintenant à portée de son niveau social ! Plus de nécessité de sortir, de rencontres : tout est maîtrisé. La connectivité suspend tout voyage ou déplacement, qui étaient souvent temps de pause, de rencontres, de lecture, de réflexion, de lâcher-prise sur le temps qui passe.

La connectivité et son écran protègent, dévoilant la toute-puissance de se retirer de ce monde social virtuel, si l'envie se fait sentir : je fais ce que je veux, comme je veux, quand je veux.

L'accessoire qui dispense son débit de sons et d'images aide à maintenir le monde à bonne distance.

Nous voulions garder notre intimité ? Nous faisons pénétrer chez nous l'intrusive connectivité ouverte sur le monde. C'est le paradoxe.

 

Un monde merveilleux de distanciation sociale sans contrainte, de repli sur soi s’ouvre à nous avec son univers personnalisé grâce aux supports matériels connectés. Tous les « Tutos » et autres outils, qui ont leur utilité certes pour un accès partagé de savoirs et de pratiques, en témoignent.

Mais que viennent une panne, une problème de réseau, une défaillance technologique ; que les fournisseurs d'internet, gros pollueurs énergivores, viennent à manquer et la réalité sociétale viendra se télescoper. Le retour au désir d'un présentiel sera ardemment souhaité face aux recours anonymes de plateformes dématérialisées, dénuées de tout sens social, mais pas commercial.

 

Ce bouleversement trouble en profondeur la quête de la relation humaine et de l'intériorité.

 

Une séance de Yoga avec un enseignant ou plus communément un « Prof de Yoga » est actuellement en profonde mutation. Avant la pandémie mondiale nouvelle, les cours ou les séances de yoga se faisaient traditionnellement en présence physique d’élèves et d'un « Prof de Yoga » dans un cadre adapté.

Venir à un cours de Yoga est un acte volontaire de s'extraire du quotidien, une volonté de se préserver un moment à soi, de se déplacer pour se rendre dans un espace protégé, apaisant, sécurisant.

Être élève en Yoga, c'est d'accepter d'aller vers une rencontre, une confrontation avec soi, abandonner le temps de la séance son identité sociale pour un contact intime avec son corps, son souffle et son mental. C'est partager ce moment privilégié avec le groupe, progresser et parfois converser en fin de cours.

La leçon terminée, c'est profiter du sas de fin de séance pour retourner par graduation consciente à son quotidien avant de plonger à nouveau dans le fleuve de la vie qui reprend son cours.

 

Pour le « Prof de Yoga », une séance est une volonté de mener le groupe à une unité de conscience pour mieux partager son expérience. C'est baigner dans l'atmosphère du cours : c’est pressentir un élève, percevoir les humeurs de chacun et chacune, corriger la dynamique du cours conduit par la conscience du groupe, adapter au pressenti des difficultés manifestées par les signes imperceptibles de mouvements corporels.  C'est mener, au travers l'entité unique du groupe, à une conscience plus aiguë de sa nature humaine et de celle de l'autre. C'est de guider vers l'apaisement des conflits internes, retrouver l'harmonie de l'âme et du corps, l'unité, l'union qui nous relie à l'Humanité, la Nature et le Cosmos.

 

Les deux mondes se côtoient et se chevauchent. A chacun de trouver son approche de vision du monde. Maintenir le lien qui nous unit dans le partage sans contrainte virtuelle ou réelle est un questionnement dans le prolongement du « je Selfie, donc je Suis* ».

Questionnement d'un mode de vie des enseignés et des enseignants, sur fond de mosaïque télévisuel et de solitude de l'un et l'autre, qui donne la part belle à une société fragmentée, rêve des ultra-libéraux : une société faite de seuls consommateurs et non de citoyens unis derrière un projet commun.

 

Pour conclure, deux choses. En premier, nous naissons seul, nous mourrons seul. Les prochaines années, devrons-nous vivre seul, désincarné, dans un monde où l'exploit de diriger virtuellement un orchestre de musiciens sur fond de mosaïque donnant un concert virtuel sera notre quotidien ?

En second, faites l'effort de recenser le monde de demain qui se crée par notre volonté technologique : cours virtuels, travail virtuel, sexe virtuel, CB sans contact, robots de services, rencontres virtuelles, visite de musée virtuelle... et posez vous la question de savoir ce que vous voulez : Vivre dans le monde virtuel dont la formule serait « libérez votre imagination et créez un monde unique qui vous ressemble ».

 

Quel sera-t-il ? Et qui serez-vous vraiment ?

 

Prenez soin de vous.

 

Alain Grodet - Enseignant de Yoga - Paris

 

* "Je selfie donc je suis" - Elsa Godart - Ed. Albin Michel

 

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